Salué par la presse brésilienne lors de sa parution
en 2001, Tant et tant de chevaux a de nouveau été encensé, quatre ans
plus tard, par les critiques du Figaro, de l'Express et de Télérama, ces
derniers tellement blasés de littérature
"classique" qu'un peu d'innovation stylistique et les
voilà qui crient aussitôt au génie ? On peut se le demander. En tout cas, cette
histoire chevaline sans chevaux m'a quant à moi laissé sur ma faim, un peu
comme ces burgers de MacDo qui ne vous remplissent pas l'estomac, ou comme ces
émissions de télé-réalité entrecoupées de publicités : du vide sur du rien. Et
donc un livre dans l'air du temps, censé en rendre compte par une absence de fond
et un trop-plein de forme. L'histoire ? Il n'y en a pas vraiment, ou
plutôt il y en a plusieurs qui se suivent sans lien ni raison, du coq à l'âne,
à zappe que veux-tu, dans un chaos d'images... Et alors quoi ? Alors il s'agit
de passer 24h00 au coeur d'une grande ville et de son voile de fumée, en
l'occurence São-Paulo (mais qui pourrait tout aussi bien être Saint-Denis,
Manchester, Détroit, New Delhi, ou toute autre ville de plus de 100 000
habitants, la plupart à faible revenu). Il s'agit d'écouter les creuses confidences
d'un chauffeur de taxi /zap/ les coups de gueule d'un couple qui se déchire /zap/
des messages laissés sur un répondeur /zap/ les cris d'un gamin de favelas
mordus par des rats /zap/... Il s'agit aussi de baigner, le temps d'une lecture,
dans une sorte d'enfer cacophonique : fanfare de chômeurs, de voleurs, d'assassins,
de prostituées et de vagabonds, chacun d'eux interprétant ici sa propre partition
: violence / pauvreté / solitude / précarité / indifférence... Le tout assemblé
à la façon d'un collage Pop-Art, donc effectivement très novateur, tout comme le
sont d'ailleurs les variations typographiques (voir Mallarmé : 1842-1898), les jeux
de ponctuation (cf. Saramago : 1922-2010) ou encore l'écriture fragmentaire (Burroughs,
Barthes, Blanchot, etc). Et puis surtout, au terme de cette lecture hachée comme un
steak, une seule question : « Et alors ? »
Les trois premières pages (réalisé sans trucage) :
Luiz Ruffato : Tant et tant de chevaux (2001)
Traduction de Jacques Thiériot (2005)
Aux Editions Métailié
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