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2016/12/29

Paroles de Poilu : Jeannine Marcou (deux ans plus tard)


Après le Noël 1914 et le Noël 1915, voici donc le troisième Noël consécutif qu’une petite fille d'à peine dix ans vient de passer en l'absence de son père. 
Histoire de fêter la nouvelle année en fanfare... tout en pensant à ces milliers d'enfants qui, d’une manière ou d’une autre, subissent aujourd’hui encore la folie des hommes.


(A noter qu'entre les différentes techniques utilisées par nombre de Poilus pour échapper au Front, Georges Marcou a choisi la moins risquée et la plus fréquente d'entre-toutes, c'est-à-dire faire jouer ses relations à fond pour obtenir "la bonne planque", en l’occurrence un poste de mécanicien au sein des Convois Automobiles. D'autres que lui ont choisi la désertion, l'auto-mutilation ou encore la simulation de maladie, mais au risque de se faire prendre et d'être passé par les armes, devant ses camarades, après un simulacre de procès).


2016/12/13

ANPéRo d'hiver : vendredi 16 décembre 2016 à Montreuil

C'est les soldes d'hiver. Un nouvel ANPéRo a lieu vendredi 16 décembre 2016 à Montreuil, au café-librairie Michèle Firk à Montreuil, 9 rue François Debergue (M° Croix de Chavaux).

On vous attend. Nous espérons y retrouver des anciens, et aussi des nouveaux.

Pour mémoire, chacun(e) amène une chose à grignoter ou à boire, que l’on  partage en devisant gentillement.

2016/12/10

Kultur Pop 35 : bézoard

Et non, les Kultur Pop, c'est pas fini. Le Kultur Pop 35 (sous le signe du bézoard, et donc du cabinet de curiosités) suit, avec des génériques de France Inter. Les liens se trouvent par là.
  • France Inter, Panique au Mangin Palace (Philippe Colin, Xavier Mauduit) : Young Drills, Rising sons (Animals remix of House of rising sun)
  • France Inter, La Librairie Francophone : Orange Blossom, Maldito
  • France Inter, Rue des entrepreneurs : Khalid K, Rue des entrepreneurs
  • France Inter, Le grand bain (Sonia DeVillers) : Air , Alpha, Beta, Gaga (mixé par Thomas Jost)
  • France Inter, Downtown : Groove Armada, Chicago

Le bézoard, qu'est-ce ? Une concrétion, un calcul,  se formant dans les estomacs, intestins de certains mammifères, dont l'homme. C'était un objet rare, doté de vertus médicinales magiques, notamment contre le poison. Suit un extrait de Les deux articles les plus précieux de la vieille pharmacopée : le bézoard et la corne de licorne, de Eugène-Humbert Guitard en 1951 (revue d'histoire de la pharmacie).
L’apothicairerie de la cour de Dresde exposait un bézoard gros comme une tête d’homme enchâssé dans de l’or. Un autre bézoard de cette dimension et pesant 6 livres et demi s’était vendu à Hambourg 6.000 Reichsthaler. D’après Catelan, un roi maure d’Andalousie aurait donné à un médecin un somptueux palais à Cordoue en échange d’un seul bézoard.
C'est à l'instar de la corne de licorne un élément des cabinets de curiosités. Ce sont des ancêtres des musées, collectionnant des objets exotiques, des antiquités, ou d’autres objets d’histoire naturelle :  cornes de licornes, pierres rares, becs de toucan, cristaux bizarre, caïmans en taxidermie, fioles de sang de dragon séché, squelettes de basilic. Je vous renvoie vers l'ouvrage de A. Schnapper, Le Géant, la licorne et la tulipe. Les cabinets de curiosités en France au XVIIe siècle.


2016/08/23

2016/08/13

Présence du libraire (c'est pas faux)

En cas d'absence, je ne suis pas là // Si vous n'êtes pas là non plus, il n'y a personne

2016/08/04

Qu'est-ce que le fascisme ?

« Je ne sais pas ce qu'est le fascisme... et je ne reconnaîtrais sûrement pas un fasciste si on m'en montrait un » (un docker de Californie, 1943)

« C'est un mot qui, pour moi, signifie des gens enragés pour quelque chose... mais je serais bien en peine de dire quoi » (une ménagère de Boston, 1943)


Le piquant de l'histoire c'est que vous venez d'écouter "The French Goebbels", autrement dit Philippe Henriot, se goberger au sujet de l'Epouvantail fasciste à l'heure même où l'Etat de Droit vacille à nouveau ici et maintenant...
Bref, là nous étions le 27 février 1944, dans une Europe complètement fascisée, et le plus notoire des fascistes français relayait sur Radio-Paris l’enquête d'un journaliste américain parue deux mois plus tôt dans le Collier's Weekly, et qui s'intitulait : Savez-vous contre quoi vous luttez ?, that is the question !





2016/07/02

Joe Sacco : la Grande Guerre

« Nous avons perdu la fleur d'une génération... »
( le prince William, duc de Cambridge, le 30 juin 2016 )


Et cependant que la famille royale d'Angleterre versait une larme au pied du mémorial de Thiepval tout en pensant au Brexit, je feuilletais, ou plutôt je dépliais "La Grande Guerre" vue et dessinée par Joe Sacco à la manière des tapisseries d'antan, comme celle de Bayeux, par exemple.
Originale par sa forme plus que par son contenu, la grande fresque de Joe Sacco reconstitue, scène après scène, le premier jour de la plus meutrière d'entre toutes les batailles : celle de la Somme, le 1er juillet 1916, soit les 24 heures d'une journée au cours de laquelle 1 soldat britannique périt toutes les 4 secondes, et ce simplement parce que Leurs Majestés en avaient décidé ainsi.






Publié aux Editions Futuropolis/Arte (2013)

2016/06/17

Je suis tombé par terre...

« Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l'amour de Dieu.
[...] Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n'allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l'ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde : mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses. 
Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n'ont d'autre crime que de ne pas penser comme eux ; et ces juges-là sont d'autant plus coupables, d'autant plus dignes de l'exécration du genre humain, que, n'étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu'ils pourraient écouter la raison. 
Il n'est d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les moeurs des hommes, et qui prévient les accès du mal ; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod qui assassine le roi Églon; de Judith qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag ; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc., etc., etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'antiquité, sont abominables dans le temps présent : ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne. 
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre. 
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? 
Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés parmi eux : leurs yeux s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits. 
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient : « Il faut du sang ». Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes. 
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède ; car l'effet de la philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en prendre. » 

Sans doute la meilleure définition du Fanatisme, tirée du Dictionnaire philosophique portatif de monsieur François-Marie Arouet, dit Voltaire. Publié en 1764, du temps où l’Eglise catholique était encore la première force politique et religieuse, l'article souligne parfaitement les ravages auxquels conduisent toujours les croyances dès lors où elles gangrènent les esprits les plus faibles.


Quelques passages de cette citation lus par Jean-Louis Jacopin :


2016/05/30

Un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part


La librairie Entropie, ayant définitivement clos les portes de son établissement parisien le mardi 5 avril 2016, avait (grâce à l'abnégation de plein d'amis — surtout des femmes, d'ailleurs) transporté son stock d'environ 25 000 ouvrages (300 cartons, environ 35 m3, et tous les rayonnages démontés) dans un espace provisoire qu'il fallait dégager à la mi-mai (là, ce sont des photos prises à l'arrache, juste pour envisager l'espace où tout le stock s'était retrouvé archi-tassé mais dégagé depuis) :



Et maintenant, depuis le jeudi 26 mai 2016 (je vous dis pas comment j'étais sur les rotules : on a mis seulement six heures, hyper-speeds, à tout redéménager à trois !), en un lieu enfin pérenne qu'il va cependant falloir réorganiser et surtout dératiser :






Ci-dessous, les rayonnages de la pièce adjacente qui devraient permettre de revitaliser la librairie :



2016/05/21

No pasarán...


Lors de mon séjour à Verdun, j'ai vu un beauf PMU et sa marmaille se faire tirer le portrait devant la porte grande ouverte de l'ossuaire de Douaumont et, pire encore, se bidonner comme un taré de la dernière espèce, à tel point que le gras de son bide tressaillait par-dessus la ceinture de son short. Il était blanc et con.

Un peu plus tard, au milieu d'un bois déserté, j'ai vu trois jeunes rastas jouer du tam-tam en fumant des oinjes à l'entrée de l'abri-caverne du Fort de Souville. Ça n'avait rien d'insultant ni même d'incorrect pour les restes des soldats encore enfouis sous terre à proximité. Au contraire, il se dégageait de cette scène une sorte d'émotion assez difficile à décrire... mais assurément belle.
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Il y a de ça un siècle et des brouettes, l'extrême-droite française incitait à la haine contre les boches, les juifs et les métèques, aussi les francs-maçons et Jean Jaurès, abattu d'une balle en pleine tête par un partisan de la trop étroite idée nationale. Alors je ne sais pas ce qui est le plus indécent, du concert de Black M ou de la réaction du FN, mais puisqu'il est beaucoup question de Mémoire ces derniers temps, eh bien moi je n'oublie pas que les Maurras, Daudet, Pujo et autres leaders de la droite décomplexée, travaillaient les esprits depuis des lustres pour que la France entre en guerre contre ses voisins d'outre-Rhin... puis qu'ils ont fini par l'avoir, leur guerre... et s'en sont même félicité, noir sur blanc en première page de leur torchon... et pis surtout qu'ils n'ont jamais œuvré pour la faire cesser, cette guerre, quand bien même les morts s'empilaient sur les champs de bataille dans des proportions jusqu'alors inconnues. Hé non ! moi je n'oublie pas que sans ces nationalistes enragés, il n'y aurait peut-être pas eu Verdun, ni la Marne, la Somme ou le Chemin des Dames... qu'il n'y aurait peut-être pas eu la guerre et ses dix millions de morts, le seul genre de victoire dont peuvent se targuer ces gens-là :


Et puis cette belle archive audio de 1966 (Maurice Genevoix évoquant les cérémonies du cinquantenaire de la bataille de Verdun) :


2016/05/16

ANPéRo hors-les-murs : vendredi 3 juin 2016

Or, lémur
[ATTENTION: léger décaalage horaire] On n'en croit pas nos yeux. Dans la librairie Entropie hors-les-murs, il y aurait un ANPéRo le vendredi 3 juin 2016, plutôt vers Montreuil.

On peut le dire ? Alors disons-le : 43 rue de Stalingrad (M° Mairie de Montreuil), à partir de 19h, au 1er étage.



2016/04/28

« Entropie, c'est fini »
Mais comment l'admettre ?


C’était à la fois joyeux et triste.
Joyeux, car de nombreux amis que l’on voyait de temps à autre dans la librairie se trouvaient ainsi réunis, rassemblés peut-être pour la première fois tous ensemble.
Et triste, parce que quelque chose de plus important que Vincent disparaît.
 Un lieu ou l’on pouvait débarquer à n’importe quelle heure de la journée ou de la semaine, ou l’on pouvait fabriquer dans l’instant un petit théâtre de contes et de disputes, et cela, quel que soit l’état du tenancier.
Donc, ce soir, je fais le deuil de Paris, d’un Paris canaille, souvent glauque, parfois exaltant, tributaire de la pluie et des canicules, et des rencontres avec des spécimens de l’espèce humaine que j’aurais méprisés pourtant ailleurs. Et, jamais je ne les ai autant écoutés ! D’autres surprises sont stupéfiantes : celui que j’évite habituellement me rend captif, celui qui me ressemble, je le fuis. Mon Paris s’éteint, un autre Paris renaît quelque part, saurai-je le trouver ?

Quant à Vincent, il a réussi son chef d’œuvre : la destruction pensée, systématique et implacable de l’individu Vincent Reignier. C’est une victoire absolue ! Désagréable jusqu’aux derniers moments, il est parvenu à ne jamais être là quand ses amis l’entouraient.
 Le message est passé : je suis une merde, prenez-moi en charge, je suis votre merde. Plus personne n’avait envie de lancer des messages positifs puisque la demande du proprio consistait justement à s’apitoyer sur une misère de nature orgasmique. La jouissance de l’échec total vendue comme la preuve d’une insurrection radicale ! La faillite comme projet révolutionnaire ! La débâcle comme preuve ultime de la fin du capitalisme ! L’anarchie comme boussole de la retraite de Russie. « Mort aux flics ! CRS, SS ! ». De l’enfantillage, donc... Et bien sûr, vive la Commune, Ravachol, et les durs du bagne de Cayenne ! Vive Papillon et les tags pour souiller les agences bancaires.

Entropie, quel nom prétentieux pour une librairie ! Le deuxième principe de la thermodynamique, haha ! Comme si c'était le véritable endroit pour la fin de ce monde... Entropie signifie objectivement le serpent qui se mord la queue !

Mais j’aimais m’y raccorder dans les moments de vacances, lorsque l’on cherche quelque chose sans savoir quoi et où l’on n’attend rien. Avec cette intensité qui conduit à une stase de totale disponibilité. L’instant s’installe comme une évidence. Pas de passé, pas de futur. La divagation devient une boussole. La destination est proche et inconnue. C’est le vertige de la liberté.

J’ai rencontré dans cette librairie, d’abord avec Stéphane Cattaneo, puis avec Vincent, des chefs d’entreprise, des parasites sociaux, des cadres supérieurs, des mecs qui font tourner la machine, des artistes, des furieux, d’autres artistes, des glandeurs, des informaticiens, des semi-clochards, des vestales, des femmes perdues, des écrivains et  des vrais branleurs, des gloutons de la haute société, et aussi des égarés de la haute société. Sans oublier les psychotiques !

C’était mon Paris
Où est Paris ?
Rendez-moi Paris ! 
Rendez tout !

Guillaume D’Alessandro
nuit du samedi 26 au dimanche 27 mars 2016, après le raout final d'Entropie


Aperçu de l'A[N]PéRo du 29 novembre 2013

Aperçu de l'A[N]PéRo du 3 juillet 2015

Et quelques images du dézingage final de ce bouclard :











2016/03/13

Oulipopolitique

Quel sens encore donner à la droite ou la gauche
Dans une France chirale ?

Un 13 mars 1984, -16 à 2000, +16 depuis, il y a 32 ans, disparaissait François Le Lionnais, ingénieur chimiste, mathématicien, écrivain, fondateur de l'Oulipo. Il fut résistant au Front national, eh oui, un mouvement de la Résistance intérieure française créé par le Parti communiste français. 

2016/03/06

Vendredi 18 mars : Dernier ANPéRo avant la fin du monde

« Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l’affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l’aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune “bonne idée”, la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé. Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant, l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. » Médiocratie, Alain Deneault




Le prochain et dernier ANPéRo en la librairie Entropie aura lieu le vendredi 18 mars, à partir de 18h. Ça se tient. Amateurs de livres, viendez.

Quelques photographies de Gérard Lavalette.

Il y aura en diffusion le volume 33 de Kultur Pop, compilation de génériques de Radio France (France Culture, France Inter ici), spécial dédicace au patron des allées de la libraire Entropie. Au programme :

Kultur Pop 2016.33 "Saint-George the Patron of our Aisle"
  • France Culture, Matins d'été 2014 : Yom, feat. The wonder Rabbis, Kaddish for Superman, With love 2011
  • France Culture, Jacques Bonnaffé lit la poésie : Fred Poirier, Speak White reggae remix : poème engagé écrit par la poète québécoise Michèle Lalonde en octobre 1968 
  • France Culture, Talmudiques (Marc-Alain Ouaknin) : Boulouris 5, Escualo, "Astor Piazzola : Tango Nuevo live in Vevey
  • France Culture, Nuits magnétiques (hommage Tintin) : Amon Düül II, Dem Guten, Schönen, Wahren, Phallus Dei 
  • France Culture, Interlude nuits : Kronos Quartet, Philip Glass String quartet no 5 - III (Kronos Quartet performs Philip Glass 1995)
  • France Inter, 2000 ans d'histoire : Moby, Slipping away, Hotel 2005
  • France Inter, Le grand entretien (François Busnel) : Andrew Loog Oldham Orchestra, The last time (The Rolling Stones Songbook 1966)
  • France Culture, Le pouvoir imaginaire (début, Raphaël Enthoven) : Pierre Adenot, Aux champs (Impressionnisme - The Belle époque of art 1870-1910 2009)
  • France Culture, Le bien commun 05/09/2007 : Abdullah Ibrahim Trio, Someday Soon Sweet Samba (Cape Town Revisited 2000)


2016/02/28

Sur la route de Verdun...

Puisqu'il est question de ruines et de désolation, que nous sommes en février et que j'ai envie d'écrire, je vous propose un petit tour sur la route de Verdun :


Une route vallonnée qui, avant d'arriver en Lorraine, vous fait traverser la Picardie, la Champagne-Ardenne et l'Argonne : des noms qui vous pètent aux oreilles comme des roulements de canons et vous feraient presque sentir l'odeur de la poudre au milieu des foins : 


Verdun, ville de province de moyenne importance, mais que l'Histoire et la folie des hommes ont carrément hissé au rang de mythe national. Pas vraiment le plus folichon des lieux de villégiatures possibles — malgré une agréable jetée piétonnière parsemée de bars et de brasseries — mais plutôt un lieu de Mémoire, voire de pèlerinage. On peut, si on veut, siroter une mousse sur la terrasse du Windsor en parcourant Paroles de Verdun, de Jean-Pierre Guéno : 


Un "Centre mondial de la Paix", établi dans l'ancien palais épiscopal, et jouxtant la Cathédrale Notre-Dame dont les cloches vous surprendront peut-être à sonner le mouvement final de l'Hymne à la Joie :



En périphérie de Verdun et en dehors des grands axes routiers, une dizaine de villages totalement détruits et non-reconstruits. Vous n'y croiserez strictement personne, sans doute parce qu'il n'y a rien à y voir, hormis une chapelle, un monument aux Morts et, parsemant la terre retournée, quelques débris de tuiles, de briques, de moellons... mais surtout du silence et encore du silence :


La butte de Vauquois et ses impressionnants cratères, parfois appelés "entonnoirs", fruits de la guerre des mines à laquelle se livrèrent durant quatre ans les boches et les poilus (cf. Bourru, soldat de Vauquois, de Jean des Vignes Rouges). Aussi quelques restes de tranchées bétonnées dans lesquelles vous croisez aujourd'hui autant de Français que d'Allemands :


Un grand et beau musée, le Mémorial de Verdun, créé sous l’égide de Maurice Genevoix et proposant notamment une reconstitution vraiment saisissante d'un champ de bataille, les cadavres et leur odeur de putréfaction en moins :


L'obligatoire visite à l’ossuaire de Douaumont, un monumental bâtiment chargé d'abriter les restes des 130000 soldats français et allemands non identifiés. Qui n'est pas ému aux larmes à l'intérieur de l'ossuaire, ou qui n'est pas simplement pris de vertige, n'est pas tout à fait humain :


Aussi la citadelle souterraine de Verdun qui se visite en wagonnet façon EuroDisney ; les Forts de Vaux et de Douaumont partiellement visitables ; la "légendaire" tranchée des baïonnettes et d'autres petites choses encore... mais surtout, oui surtout, ce moment qui n'appartient qu'à moi : les deux heures passées à la nuit tombée dans le village détruit de Bezonveaux, au milieu d'une forêt de pins et d'épicéas, seul ou presque seul, car il y avait le hibou quelque part sur sa branche... et puis il y eut aussi cette biche que ma présence effraya et qui, le temps d'une seconde, m'émerveilla comme un enfant. C'est mon meilleur souvenir :


Sur la route du retour, France-Info diffusait en boucle la nouvelle du jour : 10 militaires français venaient de trouver la mort dans une embuscade en Afghanistan. Devant les micros tendus, un homme parlait alors de "sacrifice ultime" et de "combat contre la barbarie". Il se gargarisait à tel point de bravoure, d'honneur et de devoir, que je crus un instant entendre le président Poincaré s'adressant aux Français en août 1914, mais... mais c'était seulement Sarkozy 94 ans plus tard.