Ecrivain brésilien le plus connu du public français (après
l'inénarrable Paulo Coelho, après aussi Jorge Louis Borges...
qui est argentin, Gabriel García Márquez, qui est colombien, Mario Vargas
Llosa, péruvien, Octavio Paz, mexicain, et Pablo Neruda, chilien), Jorge Amado
a produit trente-et-un livres en l'espace de soixante-six ans, soit entre 1931
(Le pays du carnaval) et 1997 (Du miracle des oiseaux). Autant
dire une oeuvre plutôt conséquente, avec toutes les évolutions et la richesse qu'elle
suppose. Et pourtant, en France, au pays des Arts et des Lettres, on cherchera
non seulement en vain une seule biographie consacrée à cet écrivain, mais on ne
trouvera pas non plus d'études ou de critiques littéraires, hormis ce petit recueil
qui en contient quinze d'une douzaine de pages chacun. Discrètement édité en 2005, il fait suite à un colloque
organisé trois ans plus tôt par la Nouvelle Sorbonne et regroupe l'ensemble des
interventions des universitaires français et brésiliens qui se succédèrent à la
tribune.
Outre qu'il faut déjà être accoutumé aux romans d'Amado
pour trouver de l'intérêt à ces quinze articles plus ou moins pointus ("L’écriture
de la marge dans la figuration identitaire"), on regrette surtout que l'éditeur
n'ait pas jugé bon de faire traduire les nombreuses citations portugaises — faisant
parfois de cette lecture un parcours de combattant —, mais on est malgré tout content
de découvrir certains aspects d'une oeuvre auxquels on ne risquait pas de
songer :
« [...] Ce double registre spécifique des littératures émergentes est une des apories des "littératures mineures", d'une part, le branchement sur le politique, le national et le populaire, d'où une hétéronomie de la littérature et l'hégémonie d'une esthétique néo-naturaliste condamnant le formalisme comme aliénation dans des modèles étrangers dominants et trahison de l'ethos national, et d'autre part, le combat moderniste d'autonomisation du travail littéraire, dénonçant comme populiste et folklorique, et donc mystificateur, idéologie politique et imposture exotique, ce versant localiste. » (Pierre Rivas)
LE SOMMAIRE :
1ère partie - L’écrivain et
son oeuvre
Myriam Fraga : Le document et la
fiction
Pierre Rivas : Fortune et
infortunes de J. Amado-Réception comparée de l’œuvre amadienne
Anne-Marie Quint : Réflexions sur
les traductions françaises des romans de J. Amado
Eduardo de Assis Duarte : Jorge
Amado, exil et littérature
Ariane Witkowski : Jorge Amado ou
la tentation autobiographique
2ème partie - Lectures
plurielles des romans amadiens
Jacqueline Penjon : O País do
Carnaval, laboratoire du roman
Rita Olivieiri Godet : Amado et l’écriture de la marge dans la
figuration identitaire
Zilá Bernd : L’univers créolisé de J. Amado
Elvya Shirley Ribeiro Pereira : Les
lieux de l’utopie : une lecture de Tocaia Grande
Constáncia Lima Duarte : Relations
sociales de genre dans Gabriela, de J. Amado
Claude Gumery-Emery : Signification
des personnages de mulâtresses dans l’univers d'Amado
Raphaël Lucas : La pédagogie de
l’espace dans le roman amadien
3ème Partie - L'oeuvre amadienne en dialogue
intersémiotique
Rubens Alves Pereira : Traits et
couleurs de Bahia : l’illustration dans l’œuvre de J. Amado
Sylvie Debs : La transposition
cinématographique de l’œuvre amadienne
Licia Soares de Souza : Forces et faiblesses de Porto dos Milagres,
adaptation télévisée de Mar Morto
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