L’autre soir encore, en fouillant
dans les rayons de l’Entropie, l'un des zigomars dénicha un livre assez rare,
un in-8 en demi-basane au titre accrocheur : La France Juive,
d'Edouard-Adolphe Drumont.
- Kékcékça ? fit-il, les yeux ronds comme deux pièces de 100 sous et
la bouche en cul de poule.
- Hmm... hmm, répondit le taulier, tête basse et regard fuyant, sans doute un peu gêné qu'ait été découvert, chez lui, pareil immondice.
- Eh bien quoi ? insista l'oiseau-lyre, que l'embarras du libraire amusait.
- Hmm... hmm, fit alors à nouveau celui-ci avant que d'enchaîner brillamment,
le ton à la fois docte et patelin d'un gars qui connaît son affaire :
"Publié à compte d'auteur, en 1886, chez Flammarion, La France Juive,
sous-titré par l'auteur Essai d'histoire contemporaine, n'est en réalité
qu'un pamphlet antisémite auprès duquel le Céline des Beaux Draps fait
office d'enfant de chœur..."
Et tandis qu'il déballait d'une
seule traite son encyclopédique érudition (nombre d'exemplaires vendus,
contexte historique, réception auprès du public, etc.), l'autre ponctuait son
propos de Ah ! et de Oh ! tout en feuilletant l'ouvrage d'un
doigt compulsif. Puis, une fois achevé l'édifiant exposé, il s'éclaircit la
gorge à son tour et nous fit lecture de certains passages :
- Le Juif, en effet, sent mauvais. Chez les plus huppés, il y a
une odeur, fetor judaïca, un relent, dirait Zola, qui indique la race et
qui les aide à se reconnaître entre eux (...)
Pour des nazillons de base,
crânes-rasés et autres primates, ce sont là des vérités premières, d'éclatantes
évidences, l'alpha et l'oméga de la pensée : le b.a.-ba des maux d'ici-bas.
Mais pour nous autres, humanistes fins lettrés : des phrases tellement sottes
et stupides qu'à les écouter ce soir-là il nous fut impossible de ne pas rire,
quand bien même un peu jaune, comme l'étoile accrochée au revers des vestons...
Jacques Probst Blaise Cendrars |
Résurrection : http://www.mediafire.com/?l0fc5lx3ykaxs07
Braise et Cendres |
Il y a tout ça
et plus encore dans la voix de Jacques Probst, accompagnée ici par les claviers
de Michel Wintsch et mise en onde par Jean-Michel Meyer.
Ouh là là, j'ai les chevilles qui gonflent sévère et je sens qu'on va me sonner les cloches dru, mon neveu !
RépondreSupprimerMerci pour ces Pâques, en tout cas : un autre son de cloches, en effet…
Oui. Probst a trouvé un ton à mon avis mieux approprié que le regretté Reggiani qui récitait ça comme un curé un Pater. Et même qu'il y aurait mis encore un peu plus de rage que ça ne m'aurait pas dérangé. Du tout.
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