2013/04/23

Alexandre Voisard : La mort de l'Engoulevent (Audio)


" L'Engoulevent était hardi. Rien ne l'arrêtait. De l'audace, toujours de l'audace. Mais cela payait. Si vous ou moi avions accompli une seule de ses prouesses, nous nous serions fait une gloire  de l'offrir en hommage à l'humanité. Lui pas. Au collège, contre le paiement préalable de six sous, il buvait le contenu d'un encrier. Pour le même prix, il mangeait un crayon entier après l'avoir broyé entre ses molaires. Après la classe, on le suivait dans les champs. Pour dix sous, il avalait une boule de crottin, pour un franc il se laissait pisser dans la bouche. Et avec ça, jamais malade, une santé de fer, des dents blanches, un teint frais de nourrisson. Si un jour, vous vous laissiez aller à ces plaisirs-là, vous auriez bien vite des lèvres en boudin, des boutons sur les fesses, le nez en groin, vous cracheriez tout le temps dans votre mouchoir, la soupe vous dégoûterait, vous n'auriez plus d'appétit. Lui pas. Il dévorait nos tartines beurrées avec une joie évidente. L'angoisse vous prendrait aux tripes, vous ne trouveriez plus le sommeil. Lui, à peine son exploit accompli, s'endormait comme un bienheureux, rêvant à dieu sait quoi.
Ah ! quel gaillard, l'Engoulevent [...]".

Une petite demie-heure à perdre et l'envie de se gratter juste là, entre les deux oreilles ? Alors faut esgourder Raoul lire l'Engoulevent (du nom d'un piaf aussi baptisé l'oiseau mobylette ou le crapaud volant), une nouvelle d'un vieux mirliton du Jura, plus connu sous le nom d'Alexandre Voisard.
C'est du bon, du tout tout bon, et ça s'écoute ici : 

http://www.rts.ch/espace-2/programmes/imaginaire/4686455-imaginaire-du-11-03-2013.html

(A savoir : monsieur Teuscher est au micro et monsieur Meyer aux manettes)

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