(une mère de Clermont-Ferrand,
en 1917)
En 1914, Hortense
avait deux fils, l'un prénommé Charles, l'autre Henri, l'un sergent, l'autre simple soldat. La guerre lui prit le premier — le plus
jeune et le meilleur des deux — et lui laissa le second. Oh, non, ce n'est
certes pas Hortense qui différenciait ainsi ses deux gosses — elle les aimait autant
l'un que l'autre, cela va sans dire —, mais Charles avait cependant le cœur
plus grand et plus solide que ne l'avait son frère, était presque plus soucieux
des autres qu'il ne l'était de lui-même et, de nature plus curieuse, se
montrait attentif à des choses qu'Henri ne remarquait seulement pas. D'autres
détails encore, telles que la syntaxe ou l'orthographe, auraient eux aussi pu distinguer les deux frères, mais ce n'étaient là qu'insignifiantes différences pour Hortense
Raguet, une mère affligée par le deuil. Et ce n'est certes pas non plus la
lettre d'un lieutenant-colonel, reçue peu après la mort de Charles, qui put jamais
l'en consoler : "Dans votre grande peine, madame, vous aurez cette
fierté patriotique de savoir votre fils tombé bravement au champ d'honneur pour
la grandeur de notre pays."
Voici quelques extraits des lettres d'Henri, le survivant :
Et puis, on ne saurait que trop conseiller la lecture de "Si je reviens comme je l'espère", à savoir l'intégralité de la correspondance de la famille Papillon : plusieurs centaines de lettres échangées, de 1914 à 1918, entre quatre frères, leur sœur et leurs parents, donc à la fois entre le front et l'arrière, et de front à front. Avec aussi une belle préface du couple Bosshard, les découvreurs de cette archive, et une postface des historiens Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt, lesquels résument on ne peut mieux l'intérêt de l'ouvrage : "Ces échanges entre les membres d'une même famille offrent un ensemble tout à fait original. Ils livrent une multiplicité de points de vue sur le conflit, en même temps qu'une lecture croisée des expériences de chacun."
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