Quand et comment avez-vous rencontré Jorge Amado
?
C'est une longue histoire... Tu sais sans doute
que le chemin qu'emprunte un lecteur n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt
de sa curiosité. Les uns se précipitent avec avidité sur les derniers prix
Machin, histoire de voir de quoi ça cause afin de pouvoir en parler
devant la machine à café... d'autres préfèrent explorer de fond en comble un
genre ou un domaine particuliers, le romantisme, les polars, la S.F, n'importe.
Quant à moi, je me laisse tout simplement guider par les auteurs, leurs
ramifications... Je veux dire que si tu lis Depestre, comme ce fut mon cas, eh
bien tu tombes nécessairement sur "J. Amado", soit par le
biais d'une note en bas de page, soit par celui d'un clin d’œil amical qui
éveille aussitôt ta curiosité, laquelle curiosité t'incite alors à acheter
un premier Amado, puis un second, un troisième et ainsi de suite, moyennant
quoi de nouvelles perspectives de lecture s'ouvriront bientôt devant toi, comme
celle de poursuivre la route avec Pablo Neruda, Ilya Ehrenburg, Anna Seghers...
ou bien encore celle d'étudier la "littérature brésilienne", mais
c'est une autre histoire.
Et donc, en février 2013, j'ai lu la Boutique
aux miracles, un livre à la fois drôle et sérieux — puisqu'il est question
de cette bêtise infinie qu'est le racisme — en même temps qu'une espèce de
guide touristique où l'on découvre un univers qui nous est foncièrement
étranger, avec son folklore, ses mythes, tout son vocabulaire exotique : salgadinhos,
macumba, candomblé, tereiros, cachaça... Bref, j'ai avalé tout ça d'un seul
trait, puis j'ai dévoré l'oeuvre entière.
Avant d'aborder l'oeuvre de Jorge Amado, peux-tu
nous parler de sa vie en deux ou trois mots ?
Un roman-fleuve.
Et moins succinctement ?
Je dirais que la biographie du bonhomme comporte
certains éléments permettant de mieux apprécier la complexion de l'écrivain.
Savoir qu'il est né en 1912, soit une vingtaine d'années seulement après
l'abolition de l'esclavage et la proclamation de la République brésilienne —
donc au sein d'une société encore baignée d'archaïsmes et de préjugés de toutes
sortes — puis qu'il a grandi dans un monde où la force primait sur le droit et où
la violence n'était pas l'exception mais la règle : coups de feu, embuscade au coin du bois, règlements de comptes, crues dévastatrices,
épidémies de variole meurtrières, voilà, entre autres choses, de quoi fut
témoin Jorge Amado dès son plus jeune âge, y compris dans la fazenda de son
père, un petit planteur de cacao qui dormait toujours la main posée sur la
crosse d'un fusil.
En somme, toute l'enfance d'Amado est ponctuée
d'évènements tragiques.
Absolument ! Et il en fera d'ailleurs l'une des
matières premières de ses livres.
Ceci explique sans doute également pourquoi la
mort y est omniprésente.
Oui, mais pas d'égale manière. Par exemple, si
tu prends Suor, l'un de ses premiers romans (1934), ou Les chemins de
la faim (1946), la mort y est d'autant plus poignante et dramatique qu'elle
découle de la misère sociale... mais dans Quinquin (1961), ou Dona
Flor (1966), elle est traitée de manière humoristique et presque joyeuse.
C'est un retournement complet, un peu comme si Victor Hugo se mettait tout à
coup à faire du François Villon, ou comme si Zola passait de Germinal à Pantagruel.
Pourquoi ce revirement ? Eh bien on peut supposer qu'après trois longues décennies de combats politiques menés en première ligne, Jorge Amado, qui frisait
alors la cinquantaine, a éprouvé le besoin de souffler un peu, de mieux
savourer la vie et l'instant présent.
Un changement de paradigme que tu sembles donc
associer à sa rupture d'avec le Parti Communiste vers la fin des années
cinquante.
Insinuerais-tu que les communistes manquent
d'humour ?
Je dis simplement, et sans vouloir t'offenser,
que la fantaisie n'est pas ce qui les caractérise le mieux...
Possible en effet qu'ils prennent la vie un peu
trop au sérieux et que leur vision du monde ne soit pas des plus réjouissante,
c'est vrai, mais, en même temps, la misère, les souffrances, l'injustice...
leur credo politique est une réalité qui, permets-moi de te le dire, ne prête
pas vraiment à la rigolade ou aux compromis, mais plutôt à l'insurrection. En
fait, ce qui empêche un communiste d'être pleinement heureux, vois-tu, c'est le
malheur des autres, et un malheur qu'il perçoit avec d'autant plus d'acuité
qu'il est persuadé d'avoir les moyens d'y remédier.
Mais l'Histoire a démontré le contraire !
Tous les "ismes" au pouvoir,
qu'ils s'appellent communisme, capitalisme ou libéral-socialisme, tous ont
démontré, et démontrent encore, leur incapacité à faire le bonheur du peuple,
du moins durablement. Mais on peut cependant souligner qu'entre le début des
années 30 et celui des années 60, les conditions de vie des masses laborieuses
se sont quand même sensiblement améliorées, non pas par l'opération du
Saint-Esprit, mais grâce aux combats d'hommes-de-gauche tels que Jorge Amado,
il est bon de le rappeler. Et même après 1956, l'année de la
"rupture", il a continué à défendre les mêmes causes que par le
passé, mais d'une autre façon, de manière beaucoup plus détachée, moins
partisane, et donc plus amadienne, au sens où, enfin libéré des
contraintes artistiques du Parti, l'écrivain se permet de dire ce qu'il veut...
comme il veut... quand il veut. Et on peut d'ailleurs rappeler ici une anecdote
révélatrice d'une personnalité au caractère pas franchement compatible avec la
discipline du PC : c'était en 1925, Jorge Amado avait alors 13 ans et était
pensionnaire d'un collège jésuite aux règles non moins strictes et sévères que
celles du Komintern. S'y sentant à l'étroit comme entre les quatre murs d'une
prison, le jeune adolescent implorait instamment ses parents de l'en sortir,
mais rien n'y faisait. Rien ! Aussi décida-t-il un beau jour de s'enfuir et de prendre
la route, tout seul et à pied, direction le Sergipe où logeait son grand-père
paternel. Sa fugue, longue de trois mois et 300km, de Bahia à Itaporanga,
démontre assez bien, je crois, un goût prononcé pour la liberté et le vagabondage,
deux penchants mieux en phase avec les concepts anarchistes qu'avec les
pratiques communistes à la mode de Staline.
Une erreur d'orientation ?
En quelque sorte, oui. Disons que son engagement
politique a répondu à la nécessité du moment et, qu'aveuglé par l'espoir
peut-être insensé de changer le monde, il a sans doute été naïf mais sincère,
sillonnant le monde et ses congrès en faveur de la paix, de la justice sociale,
de l'union des peuples, etc... et n'hésitant pas à donner de sa personne quoiqu'il
lui en coûtât — l'exil et la prison. Oui ! tu peux creuser la bio d'Amado de
fond en comble, jamais tu n'y trouveras rien dont il ne puisse être fier, au
contraire. Par exemple, en 1946, jeune élu député communiste de 36 ans, et bien
qu'étant profondément athée, il fait voter par la nouvelle Assemblée une loi
garantissant à tous la liberté de culte, permettant ainsi aux afro-brésiliens
de pratiquer le Candomblé sans plus risquer la persécution. Tout Amado
est là, dans cette ouverture d'esprit peu commune, propre aux grands humanistes
et aux grands philanthropes...
Dans la lignée d'un Camus ?
Oh ! plutôt dans celle d'Eulália, dite Lalu,
et João, ses parents. Jorge Amado n'est pas un intellectuel féru d'équations
philosophiques, pas du tout. Son truc, ou ses préoccupations, sont exactement
les mêmes que celles du "petit peuple" dans lequel il se fond en
toute modestie, malgré ses études supérieures, son diplôme d'avocat et sa
notoriété. L'humanisme d'Amado est po-pu-lai-re, en ceci que sa culture s'enracine
dans le monde ouvrier dont il est issu et duquel, fidèle aux origines, il tire
son amour des choses simples et vraies : plutôt les chansons d'un Dorival
Caymmi que les élucubrations sérielles d'un Pierre Boulez, par exemple. Et ne
pas oublier non plus qu'Amado a été formé en partie à l'école de la rue, quand,
pas plus haut que trois pommes, il accompagnait son oncle dans les salles de
jeux, les maisons de passes ou les cabarets d'Ilhéus. C'est là, plus
qu'ailleurs encore, que l'enfant a fait ses premières classes, découvrant la
vie au milieu des putes et des vagabonds, parmi les boit-sans-soif et les
voyous, toujours entouré de leur affection, de leur tendre humanité, puis la
leur rendant plus tard, lorsque, devenu écrivain, il fera d'eux tous des personnages
positifs.
Tu dis "plus tard", mais Jorge
Amado a publié très jeune, non ?
Jeunissime ! Peu après son escapade à travers le
sertão, ses parents décident de lui lâcher la bride, d'abord en l'inscrivant
dans un collège beaucoup plus libéral que le précédent, ensuite en l'autorisant
à s'installer au cœur même du vieux quartier populaire du Pelourinho, sur les
hauteurs de Bahia. Pour Jorge Amado commence alors une nouvelle vie, faite
d'études et d'apprentissages, certes, mais aussi de folle bohème avec la bande
d'adolescents rimbaldiens qui partagent avec lui la passion des Lettres et des
virées nocturnes. Et puis, pour répondre à ta question, c'est également durant
cette période que commencent à paraître dans un journal local les premières
chroniques d'un gamin d'à peine 15 ans nommé Jorge Amado de Faria. Quant à son
premier roman, Le pays du carnaval, il sortira quatre ans plus tard,
soit à 19 ans !
Le début d'une longue série...
Plutôt, oui, puisque s'ensuivront une trentaine
de livres, essentiellement des romans, tous publiés entre 1931 et 1997, donc
reflétant la société des "années 30", puis celle des années 40, 50...
jusqu'à nos jours ou presque. Plonger dans l'oeuvre amadienne, c'est
comme s'embarquer pour un long voyage à travers l'histoire et pas seulement "brésilienne",
malgré qu'elle soit parfois qualifiée, par des gens qui ne l'ont pas lue, d'oeuvre
régionaliste. Le décor est brésilien, ça oui, et le folklore est
omniprésent, notamment le candomblé ou la gastronomie, mais les thèmes évoqués,
eux, sont universels : exploitation de l'homme par l'homme, délinquance
juvénile, immigration, racisme, écologie, libération sexuelle, féminisme, etc.
Dans
n'importe lequel de ses livres, Amado traite toujours au moins un aspect social
du "vivre ensemble", et il le fait tantôt avec gravité, tantôt avec
légèreté, ce qui déconcerte la plupart des critiques littéraires...
Lesquels critiques lui ont quand même réservé un
accueil des plus favorable.
Oui et non. En fait, ils tendent à scinder
l'oeuvre en deux comme un pâté en croûte. Par exemple, pour un critique du
Figaro hyper-allergique à la notion de lutte des classes, des livres engagés tels que Suor ou Cacao sont disqualifiés d'emblée, puis, par réflexe
immuno-protecteur, taxés d'être manichéens parce qu'il y est simplement question d'oppression,
donc d'oppresseurs et d'opprimés, tu vois...
A contrario, une critique d'inspiration
gauchiste peut reprocher à Jorge Amado la trop grande légèreté d'un Vieux
Marin, d'une Gabriela ou encore d'une Dona Flor, et ne pas hésiter à
accuser l'auteur de s'être embourgeoisé, devenant de ce fait indifférent au
malheur des autres...
Il y a aussi les puristes de la littérature, ces
précieux ridicules qui trouvent les phrases d'Amado mal tournées, son
vocabulaire insuffisamment recherché, sa syntaxe approximative, ses personnages
peu crédibles... ses romans bâclés.
Et puis il y a les lecteurs, tous ceux qui se
reconnaissent dans ses livres ou ses personnages, aussi imparfaits soient-ils,
parce qu'ils partagent avec eux une même façon d'être, de voir et de sentir, et
donc qu'ils sont à leur image ainsi qu'à celle de l'auteur : à la fois
désinvolte et sérieux, superficiel et profond, médiocre et génial... capable du
meilleur comme du pire. Oui, Jorge Amado écrit dans un style accessible au plus
grand nombre, et alors ? C'est un conteur d'histoire : sa lecture est facile,
sans être stupide, et elle est variée, c'est tant mieux ! pour l'apprécier il
ne suffit que d'une chose : aimer la prose vagabonde et souvent luxuriante,
agrémentée de personnages comme s'il en pleuvait. Une
anthologie de Paulo Tavares (Criaturas) en a d'ailleurs recensé pas
moins de 3358, parmi lesquels des portraits de femmes inoubliables, telle que Tereza
Batista, et quelques fameux loustics : Mané-la-Peste, Zé-la-Crevette,
S'la-Coule-Douce, Chico-la-Graisse, Patte-Molle, Chéri-du-Bon-Dieu,
José-la-Fouine, Pue-le-Bouc, N'a-Qu'une-Couille, etc. Surnommer les gens,
voilà encore une pratique typiquement populaire par laquelle le peuple reconnaît comme
l'un des siens celui qui s'y adonne.
Mais n'est-ce pas justement en vertu de cette "popularité"
que le Prix Nobel lui a toujours été refusé ?
Je ne sais pas... En fait, on peut discuter à
l'infini de savoir si Jorge Amado méritait ou non son Nobel, mais que
l'Académie suédoise n'ait jamais honoré aucun écrivain brésilien, ça c'est
incroyable ! On le sait peu par chez nous, mais le Brésil est vraiment un grandissime pays de littérature, avec des auteurs à mon sens injustement dédaignés par le
public européen, lequel public a de ce pays une vision encore très archétypale : futebol,
carnaval, bossa-nova, Corcovado et bimbos des plages. A la trappe, les Carlos
Drummond de Andrade, les Graciliano Ramos, Guimarães Rosa, João Ubaldo Ribeiro,
Clarice Lispector, Rachel de Queiroz, Érico Veríssimo et tant d'autres... Quand
je pense qu'il y a à peine deux ans, j'ignorais jusqu'à leur nom...
Tu les a découverts grâce à Jorge Amado ?
Oui, petit à petit et pas à pas, en parcourant
son oeuvre comme on parcoure et découvre un pays.
Une dernière question : quel mot résume le mieux cette oeuvre, selon toi ?
La Liberté, sans hésitation. Et peut-être aussi
l'amitié.
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(1912-2001) |
Pour un tour d'horizon de l'oeuvre complète de Jorge Amado, on trouvera de-ci de-là sur ce blog des extraits de livres accompagnés d'avis pas toujours éclairés. On pourra aussi découvrir cet auteur en tapant dans la douzaine d'ouvrages listés ci-dessous. C'est une sélection, donc forcément subjective, mais qui me semble toutefois aussi représentative que possible de l'étendue de son talent :
1935 : Bahia de tous les saints
Le premier "grand
livre" de Jorge Amado, encensé à juste titre par Albert Camus dans l'Alger
républicain, en 1939. Un roman sans temps mort, au style très épuré,
retraçant les mille aventures tragi-comiques du nègre Antonio Balduino, de
son enfance jusqu'à l'âge adulte : l'histoire d'une prise de conscience
politique et de tout ce qui s'ensuit. (très touchant)
1937 : Capitaines des sables
Un sujet sensible, la
délinquance juvénile, vue par quelqu'un qui la connaît plutôt bien. Dans un
hangar désaffecté du port de Bahia, des adolescents livrés à eux-mêmes vivent
de petits larcins. D'où viennent-ils et qui sont-il ? Comment la bonne société
les perçoit ? Qui les aide et qui les rejette ? (beaucoup d'émotion et de
tendresse, mâtinées d'un peu de drôlerie)
1942 : Terre violente (Les terres du bout du
monde)
L'un des quatre ou cinq
livres de Jorge Amado dans lesquels il retrace la saga de l'or jaune du Brésil
: le cacao. Ici, une histoire inspirée de faits réels qui raconte les
sanglantes rivalités opposant entre elles des familles de fazendeiros
pour la conquête de nouvelles terres à exploiter. (épique)
1946 : Les chemins de la faim
Sans doute le plus
violent, le plus dur et le plus fort de ses romans, illustrant le drame des
populations contraintes à fuir la sécheresse du Nordeste pour émigrer à Rio ou
à São Paulo, où elles espèrent trouver de quoi survivre... sauf qu'il leur faut
d'abord traverser à pied l'enfer de la caatinga survolée de vautours et parsemée
de cangaceiros mi-anges mi-démons. (dramatique)
1954 : Les souterrains de la liberté
Mon préféré. L'équivalent
brésilien des "Communistes" de Louis Aragon, soit une fresque
historique de la société brésilienne de 1937 à 1940, donc sous l'ère
dictatoriale de Gétulio Vargas. Un récit de grande amplitude, avec beaucoup de
personnages, et sans doute un peu de parti-pris, mais davantage de complexité
que certains vous le diront. (passionnant)
Un nouvel habitant
débarque un beau jour à Péripéri avec des histoires fabuleuses de marins plein
la bouche. Sont-elles vraies, sont-elles fausses ? voilà la question. Mais
qu'est-ce que la vérité, après tout ? Eh bien... eh bien c'est un rêve qui prend corps, comme
une histoire parfaitement racontée, nous répond ici Jorge Amado. (tonique)
1969 : La boutique aux miracles
Un sujet gravissime, le
racisme, mais traité à la manière d'une farce au cours de laquelle le mulâtre
Pedro Archanjo oppose son érudition, et sa joie de vivre, à la bêtise d'une high-society
majoritairement hostile au mélange des races ou des croyances. Aussi une
critique douce-amère de la manière de penser des z'élites à la zémour.
(hautement salubre)
Ma préférée. L'histoire
d'une pauvre et jolie orpheline qui découvre peu à peu toutes les formes que
l'amour ou le désir peuvent prendre, et donc, par voie de conséquence, tout ce
dont les hommes sont capables en bien comme en mal. Un personnage à la hauteur
d'Antigone — celle en qui l'amour et l'espoir étaient plus forts que la mort
ou la résignation. (poignant)
1977 : Tieta d'Agreste gardienne de chèvres
Tieta revient passer
quelques mois dans son village natal après en avoir été chassée vingt ans plus
tôt pour cause de mœurs jugées trop légères. Toujours aussi libertine, mais devenue riche à millions, elle va combattre l'hypocrisie et la morale à deux
balles de ses parents et concitoyens, tout en défendant l'écologie contre les
intérêts d'une multinationale étrangère. (réjouissant)
Mon préféré. Au départ
était la Nature, puis est venu l'homme... Il y eu d'abord le hameau, puis est
venu le village, la ville... et la civilisation civilisatrice, avec ses rois,
leurs lois, leurs juges, leurs flics et leurs prisons. Tocaia Grande : un lieu
utopique, et comme hanté par des personnages de chair et de sang, pour ne pas
dire de glaise et de boue. (formidable)
Une sorte d'enquête menée
tambour battant pour retrouver une statue de Sainte-Barbe mystérieusement
disparue. Aussi un roman d'aventure avec beaucoup d'humour, du sexe à gogo et
un saisissant contraste entre deux pratiques religieuses : celle de l'Eglise
apostolique et romaine, austère et contraignante, et celle du Candomblé,
célébrant le plaisir des sens. (jubilatoire)
1990 : Conversations avec
Alice Raillard
Une
belle série d'entretiens accordés par Jorge Amado à sa traductrice et néanmoins
amie Alice Raillard. De nature plutôt loquace, l'écrivain, mis en confiance, se
livre ici encore un peu plus d'habitude, évoque ses parents avec émotion, nous
parle de son enfance, de politique, d'histoire, de littérature... tout est
passé au crible avec intelligence et pertinence. (captivant)