2013/11/16

Max Gallo : Le pont des hommes perdus

« C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat » (Philippe Pétain)

Photo de couverture
tirée de la collection
Roger-Viollet
Nouvelle hors-commerce de Max Gallo, le pont des hommes perdus évoque brièvement les journées des 17 et 18 juin 1940, la débâcle et l'exode, le discours de Pétain appelant les troupes à déposer les armes et le courage quasi-suicidaire de trois soldats français : le capitaine Teyssier, un ancien des Croix-de-Feu ; Victor Rovini, un anarchiste de retour d'Espagne ; et Jean Carlin, un jeune séminariste, admirateur de Péguy et de sa mystique patriotique, tout comme Gallo, avec lequel il partage également le culte effréné des grands-hommes : Jeanne d'Arc et Jésus, Napoléon et les Poilus. Extrait :

Teyssier avait rapidement traversé la cour. Par les portes grandes ouvertes du cantonnement, il avait découvert les paquetages abandonnés, les armes et les casques jetés sur le sol. Et il avait pensé à ces hommes d'autrefois, ceux de la grande guerre, ces poilus dont les corps après les attaques restaient plusieurs jours accrochés aux barbelés. Et la nuit, malgré les tirs de mitrailleuses, les fusées éclairantes, certains soldats se glissaient hors des tranchées pour aller vers ces cadavres, les ramener vers les lignes, afin qu'on les enfouisse dans la boue, et que les rats ne les dévorent plus, et que les yeux ne les voient plus.
Qu'étaient devenus en vingt années l'héroïsme, l'abnégation ?
Peut-être avait-il mieux valu que Péguy meure, le 1er septembre 1914, plutôt que de voir cela, ce peuple et ces soldats transformés en fuyards. (Max Gallo, 2000)

C'est étonnant, non ? Cette façon de glorifier le passé afin de mieux dénigrer le présent ? J'imagine que ça vient avec l'âge et les premiers cheveux blancs, que c'est pour ainsi dire physiologique... Du reste, je trouve moi aussi que c'était beaucoup mieux avant, et que si l'on veut absolument lire du Gallo, mieux vaut lire ses premiers livres plutôt que ses derniers. Sélection :

  • 1964 : L'Italie de Mussolini (une passionnante étude historique sur vingt ans d'ère fasciste)
  • 1970 : La Cinquième Colonne (les raisons, à l'époque inédites et explosives, de la défaite française)
  • 1972 : Le Cortège des Vainqueurs (grande fresque retraçant les principaux épisodes de l'histoire européenne, de 1917 à 1970, à travers les aventures d'un fasciste italien...)
  • 1975 : La Baie des Anges / Le Palais des Fêtes / La Promenade des Anglais (une trilogie pour partie autobiographique consacrée à l'immigration italienne, et plus précisément piémontaise, qui s'installa à Nice à la fin du 19ème siècle : l'ascension sociale, les luttes syndicales, les deux guerres mondiales... et mai 1968)
  • 1977 : Que sont les siècles pour la mer ? (l'histoire romancée et poétique de 2500 ans de civilisation)
  • 1978 : Les hommes naissent tous le même jour (le 20ème siècle à travers le destin de sept enfants tous nés le 1er janvier 1900 en sept endroits différents de la planète)

3 commentaires:

  1. En gros, Bruno Moro, le Gallo est revenu au trot, voire au pas, voire devenu comme un cheval mort il y a 35 ans ?

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  2. Il me manquait ce détail de l'histoire

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