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2015/03/29

Alexandre Soljenitsyne

Apostrophe (1975)
Soljenitsyne : un nom et un visage sans doute parmi les plus connus de la littérature mondiale et même chez les moins lettrés de mes congénères. En tout cas, quiconque était gamin dans les années 70 a forcément en mémoire des images de ce déjà vieillard à longue barbe grise que l'on voyait, je ne dirais pas tout le temps, mais suffisamment souvent pour imprimer durablement nos rétines.
Ramené dans le contexte de la guerre froide, Soljenitsyne c'était le dissident par excellence, la figure de proue d'une Europe de l'Ouest toujours inquiète des agissements du Kremlin, aussi d'une France pompido-giscardienne si peu sûre d'elle-même qu'elle n'avait d'autre recours, pour vanter son modèle économique et social face au danger que représentait pour elle les communistes français, d'autre recours que faire appel à un nostalgique de la Russie des tsars pour dénoncer la Russie des soviets. Mouais, même si on tend un peu à l'oublier aujourd'hui, on vivait alors une époque assez trouble et paradoxale. Je me souviens par exemple du climat délétère qui régnait sur le plateau d'Apostrophe lorsque Soljenitsyne, entouré d'égards, en était l'invité d'honneur et que, sous couvert de littérature, l'émission se transformait quasiment en tribune politico-religieuse où la propagande réactionnaire de Soljenitsyne allait si bon train que l'inaltérable d'Ormesson, invité lui aussi, prenait presque figure de grand progressiste ! Mais ce dont je me souviens surtout, c'est d'un homme au regard un peu fuyant, d'un écrivain à l'air un peu hautain, faussement inspiré, pas franc du collier... et voilà sans doute pourquoi je n'ai jamais rien lu d'Alexandre Soljenitsyne.

2013/06/21

Jorge Amado : Apostrophe-Radioscopie (Audio-Vidéo)

http://www.ina.fr/video/CPB80053398

Une émission datant du siècle dernier, du temps où l'on fumait et picolait encore sur les plateaux télé, où l'on portait aussi des pattes d'eph' et des cravates en soie sur des chemisettes à col haut, il y a trente ans déjà.
Le 14 mars 1980, peu après le journal du soir de Léon Zitrone (87 morts dans un accident d'avion à Varsovie... incident nucléaire à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux... marée noire sur les côtes d'Armor... flambée des taux d'intérêt... 1 047 000 chômeurs... le trou de la Sécu...), Pivot présentait un nouveau numéro d'Apostrophe, le 228ème :
La fantaisie c'est le refus des habitudes, l'imagination, l'imprévu, une certaine allégresse créative. Alors comme nous vivons actuellement une période plutôt épaisse, passéiste et conformiste, eh bien accueillons avec plaisir et reconnaissance des écrivains qui nous montrent de la fantaisie.
A sa gauche, un septuagénaire d'allure goguenarde : Jorge Amado, venu à Paris à l'occasion de la sortie de son dernier bouquin, Tiéta d'Agreste ou le retour de la Fille Prodigue. Un Amado tel qu'en lui-même, ainsi qu'on l'imagine, modeste et généreux, disert et drôle, avec un fond de gravité dans le regard et de tristesse dans la voix. Autour de lui : le déluré René Fallet, 3 grammes de Beaujolais dans le sang, la moustache en broussaille et les gestes un peu trop familiers d'un mec bourré ; l'excellent Daniel Boulanger, sobre et plutôt guindé, mais l'œil affûté et la parole tranchante ; aussi Frédérick Tristan, Florence Delay et François Coupry, trois jeunes intellos aux postures plus ou moins marquées, mais d'autant plus perceptibles face au naturel et à la simplicité bonhomme d'un Jorge Amado.
Une émission qui vaut donc le coup d'œil et 2,99€.
Toujours dans les archives de l'INA, et pour la même somme, une intéressante Radioscopie de Jacques Chancel consacrée au chantre de Bahia, le 25 juin 1976. Une émission au cours de laquelle Amado évoque, entre autres choses, ses origines, son parcours, son oeuvre et ses engagements, mais où il parle surtout de son amour de la vie, aussi du Brésil et des Brésiliens, de tous les Brésiliens, et ça vaut là encore le coup d'y coller son oreille à l'heure même où 1 million d'entre eux descendent tous les jours dans la rue.