On ne sait ni son nom, ni son âge, ni ce qu'il a
vécu... mais seulement qu'il en a bavé :
Un rideau est baissé, mais l'activité se poursuit sous d'autres formes : ANPR, ANPéRo
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2015/03/20
2014/05/29
Qui vivra Vera
Quel est le point commun entre les nuits de France Culture et le groupe Pink Floyd ? Dans les interludes nocturnes de France Culture, on entend très souvent au début de la nuit le morceau I'm in the mood for love par Vera Lynn. Sa musique a été écrite par Jimmy McHugh, ses paroles par Dorothy Fields, et chanté d'abord par Frances Langford en 1935. Sachez encore que ce titre a inspiré le nom du film éponyme de Wong Kar Wai.
Chanteuse de l'effort de guerre britannique (une des fiancées de l'armée, ou Forces sweethearts), toujours en vie à ce jour, Vera Lynn est la Vera de la chanson Vera, très court morceau du The Wall des Pink Floyd :
Does anybody here remember Vera Lynn?
Remember how she said that
We would meet again
Some sunny day?
Vera! Vera!
What has become of you?
Does anybody else here
Feel the way I do?
"We would meet again" renvoie à sa chanson "We'll Meet Again", qui figure dans la bande son de Docteur Folamour de Stanley Kubrick (1964). Elle la chantait aux soldats anglais, espérant leur retour de la guerre. Roger Waters, dont le père mourut pendant la seconde guerre mondiale, y puise probablement la mélancolie de cette chanson.
2014/04/20
Heinlein fils de l'Homme
Un cratère de la planète Mars, astre errant de la guerre, porte son nom. Il est rare qu'une conversation portant sur l'écrivain américain Robert A. (Anson) Heinlein survive sans heurts à la vulgate commune, qui en fait un auteur de science-fiction au mieux militarisme, au médian fasciste, au pire que sais-je.
Malgré ses quatre prix Hugo du meilleur roman de science-fiction, une poignée de Hugo et de Nebula, une forte rumeur dextre continue à lui coller aux doigts, pour mieux le mettre à l'index. Certes, son Starship Troopers (1959, en français Étoiles, garde-à-vous !) adapté par Paul Verhoeven a fait débat. C'est oublier un recul natif au roman, qu'on peut voir dans deux détails : la plupart des roughnecks de l'histoire, qui acquièrent le droit de citoyen par engagement militaire, sont d'origines étrangères. Ils furent légions dans de nombreuses guerres occidentales, et les récentes guerres en Irak ont vu mourir force Latinos offrant leur vie contre un sésame yankee pour la famille. Et il y a cette anecdote, où le héros, conscrit brimé pour son treillis mal taillé, se voit répondre à l'intendance, pour un échange de costume, que, dans l'armée, il n'y a que deux tailles "la trop grande et la trop petite".
Qui a eu l'occasion de lire Podkayne, fille de Mars (1962, Podkayne of Mars), où l'auteur se place dans la peau d'une jeune diariste, ou Double Étoile (1956, Double Star), qui voit le "Grand Lorenzo", acteur xénophobe (anti-Martien) et imitateur courant le cacheton avec ses rêves de grandeur, évoluant vers un grand rôle imprévu d'ambassadeur des aliens... donc (la phrase précédente étant un peu longue), qui a eu l'occasion de lire sérieusement ces romans, peut voir chez Robert Heinlein une écriture humaniste. Eh oui. Carrément. Certes, nonobstant, ce n'est pas Arthur C. Clarke.
Hier à la librairie Entropie, la mémoire éponge de cratères défaillait pour citer intégralement ce programme heinleinien, un avatar de l'homme/femme compétent(e) :
"A human being should be able to change a diaper, plan an invasion, butcher a hog, conn a ship, design a building, write a sonnet, balance accounts, build a wall, set a bone, comfort the dying, take orders, give orders, cooperate, act alone, solve equations, analyze a new problem, pitch manure, program a computer, cook a tasty meal, fight efficiently, die gallantly. Specialization is for insects." [Time enough for love]
En d'autres termes :
« Tout être humain devrait être capable de changer une couche-culotte, de planifier une invasion, d'égorger un porc, de manœuvrer un navire, de concevoir un bâtiment, d'écrire un sonnet, de faire un bilan comptable, d'ériger un mur, de réduire une fracture [NDLR : le sens originaire du mot algèbre], de soutenir un mourant, de prendre des ordres et d'en donner, de coopérer ou d'agir seul, de résoudre des équations, d'analyser un problème nouveau, d'épandre du fumier, de programmer un ordinateur, de préparer un repas savoureux, de se battre efficacement, et mourir avec élégance. La spécialisation, c'est bon pour les insectes. » [Time enough for love]
Commencer par une couche-culotte, en passant par des rudiments d'arithmétique et de poésie, programme difficile à prêter à un militariste sang pour sang pur guerre. A l'un des très grands écrivains de science-fiction, plus. Ecce homo.
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