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2014/04/19

Maurice Genevoix : Ceux de 14 (Audio)

« Je souhaite que d'anciens combattants, à lire ces pages de souvenirs, y retrouvent un peu d'eux-mêmes et de ceux qu'ils furent un jour ; et que d'autres peut-être, ayant achevé de lire, songent, ne serait-ce qu'un instant : "C'est vrai, pourtant. Cela existait, pourtant." » (Maurice Genevoix, dans sa préface à l'édition originale des Eparges)

« Aucun réquisitoire contre la guerre n'atteint la puissance de ce récit, de ce constat modeste, mesuré, terriblement précis... Sans élever le ton, Genevoix raconte l'horreur quotidienne » (Paul Guimard)

Couverture de J.L. Lefort
Front de Somme (1916)
Lorsque les troupes allemandes envahissent la Belgique, le 4 août 1914,  Maurice Genevoix est alors âgé de 24 ans. Elève à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm, et passionné de littérature, il prépare avec assiduité une agrégation de lettres modernes, se destinant sans doute à une longue et brillante carrière universitaire... Mais trois semaines après les premiers échanges de coups de feu en territoire belge, le sous-lieutenant Genevoix se retrouve à son tour sur le Front, en Argonne, où il assiste impuissant à la déroute des armées françaises, ainsi qu'à l'exode des populations civiles : villages bombardés, maisons incendiées, dévastées, pillées, etc. Durant les huit mois suivants, il affronte courageusement la mitraille à de multiples reprises, notamment lors de la bataille de la Marne, avant que d'être atteint au bras et au flanc par trois balles allemandes, qui le laissent ko du côté de Calonne et surtout handicapé pour le restant de ses jours. La guerre est donc finie pour lui en avril 1915. Enfin, finie... finie, ça c'est vite dit. Car pour tous ceux qui l'ont vécu et qui en sont revenu, la guerre n'a jamais cessé : elle a hanté leur mémoire jour après jour jusqu'à leur dernière nuit.
Allongé sur un lit d'hôpital, le corps meurtri, Maurice Genevoix commence à relire les notes qu'il a prises sur son petit carnet quadrillé dès les premiers jours du conflit. Pour l'instant il ne sait pas trop quoi en faire de ces foutues notes. Alors il les relit... encore... encore... et c'est son ami Paul Dupuy, un vieux professeur d'histoire-géo de l'E.N.S, qui l'incite à écrire un livre à partir de ses gribouillis. Eh bien, allons-y ! En avant ! lui répond Genevoix. Et il s'atèle si bien à la tâche que, dès avril 1916, Sous Verdun fleurit déjà dans les bacs des librairies Hachette et Cie. Un gros succès. Puis viennent ensuite Nuits de Guerre (1917), Au Seuil des Guitounes (1918), La Boue (1921) et enfin Les Eparges (1923), cinq récits chronologiques aujourd'hui regroupés en un seul volume : Ceux de 14. C'est un grand classique de la littérature de guerre, le mètre-étalon des témoignages auprès duquel tous les autres font plutôt pâle figure, il faut bien le reconnaître. Sans doute parce que d'entre tous, Genevoix est celui qui a trouvé le ton le plus juste, qu'il n'en fait ni trop ni trop peu, retranscrivant la réalité et rien que la réalité, sans effet de style à la façon de L.-F. Céline, ou de lyrisme anti-militariste à la manière de Barbusse :

« Barque et Biquet sont troués au ventre, Eudore à la gorge. En les traînant et en les transportant, on les a encore abîmés. Le gros Lamuse, vide de sang, avait une figure tuméfiée et plissée dont les yeux s'enfonçaient graduellement dans leurs trous, l'un plus que l'autre. On l'a entouré d'une toile de tente qui se trempe d'une tache noirâtre à la place du cou. Il a eu l'épaule droite hachée par plusieurs balles et le bras ne tient plus que par des lanières d'étoffe de la manche et des ficelles qu'on y a mises. La première nuit qu'on l'a placé là, ce bras pendait hors du tas des morts et sa main jaune, recroquevillée sur une poignée de terre, touchait les figures des passants. On a épinglé le bras à la capote. Un nuage de pestilence commence à se balancer sur les restes de ces créatures avec lesquelles on a si étroitement vécu, si longtemps souffert.
Quand nous les voyons, nous disons : "Ils sont morts tous les quatre." Mais ils sont trop déformés pour que nous pensions vraiment : "Ce sont eux." Et il faut se détourner de ces monstres immobiles pour éprouver le vide qu'ils laissent entre nous et les choses communes qui sont déchirées. » (Henri Barbusse, Le Feu, journal d'une escouade, 1916)

« Le colonel avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l'explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier à pied, le messager, fini lui aussi. Ils s'embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours mais le cavalier n'avait plus sa tête, rien qu'une ouverture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre ouvert, il en faisait une sale grimace. Ça avait dû lui faire du mal ce coup-là au moment où c'était arrivé. Tant pis pour lui ! S'il était parti dès les premières balles, ça ne lui serait pas arrivé. » (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932)

« Il y a des cadavres autour de nous, partout. Un surtout, épouvantable, duquel j'ai peine à détacher mes yeux : il est couché près d'un trou d'obus. La tête est décollée du tronc, et par une plaie énorme qui bée au ventre, les entrailles ont glissé à terre ; elles sont noires. Près de lui, un sergent serre encore dans sa main la crosse de son fusil ; le canon, le mécanisme doivent avoir sauté au loin. L'homme a les deux jambes allongées, et pourtant un de ses pieds dépasse l'autre : la jambe est broyée. Tant d'autres ! Il faut continuer à les voir, à respirer cet air fétide, jusqu'à la nuit. » (Maurice Genevoix, Sous Verdun, 1916)

Parti à la guerre en tant qu'étudiant et futur enseignant, Maurice Genevoix en est revenu huit mois plus tard profondément blessé, reconnu par l'armée invalide à 70%... et romancier.

En novembre 1968, à l'occasion du cinquantenaire de l'armistice, l'ORTF diffusait à l'antenne une série de cinq dramatiques adaptées d'après Ceux de 14.
Aujourd'hui, grâce à l'INA, les cinq épisodes d'une trentaine de minutes chacun (3h35mn au total) sont audibles ici.

Et pour qui veut en écouter seulement un extrait, c'est là :



2014/01/09

Thomas Mann : La Mort à Venise (Audio)


L'auteur : né en 1875 et décédé en 1955, Thomas Mann a été lauréat du prix Nobel de littérature en 1929, nonobstant ses prises de positions franchement bellicistes durant la première guerre mondiale, une guerre qu'il accueillit d'ailleurs avec enthousiasme, tant celle-ci était supposée redonner élan et vitalité à une société beaucoup trop décadente à son goût. Ainsi, en novembre 1914, il publiait dans la revue Neue Rundschau un article intitulé Pensées de Guerre (Gedanken im Kriege), dans lequel il glorifiait non seulement le militarisme allemand, mais attribuait également au conflit des vertus émancipatrice et purificatrice, dénonçait pêle-mêle l'universalisme des Lumières, leur stérile humanisme et leur raison raisonnante, le tout s'opposant bien évidemment à la force vitale et presque sauvage du peuple Allemand. 

"Il n'est pas simple d'être un Allemand, disait-il, pas aussi commode que d'être un Anglais, de beaucoup moins distingué et agréable que d'être un Français. Ce peuple a de la peine avec lui-même, il s'interroge, il souffre de lui parfois jusqu'au dégoût ; mais parmi les individus et les peuples, ceux-là valent le plus qui ont le plus de peine." (Thomas Mann, Gedanken im Kriege, cité par Romain Rolland dans son Journal des années de guerre 1914-1919)

L'histoire : publiée en 1912, la nouvelle Mort à Venise retrace les romantiques aventures d'un écrivain âgé d'environ cinquante ans, Gustav Von Aschenbach, qui lui aussi, malgré sa vie plutôt confortable, s'ennuie, souffre et s'interroge. Se décidant alors à quitter les beaux quartiers de Munich pour un séjour de quelques semaines à Venise, il y fera la connaissance de Tadzio, un jeune adolescent polonais dont il tombera bientôt éperdument amoureux. Et tandis qu'une épidémie de choléra se déclarera dans la Sérénissime, Gustav Von Aschenbach, fasciné par la beauté et la vitalité du jeune éphèbe, restera à le contempler malgré la mort qui rôde... et qui l'emportera.

La lecture : effectuée par le comédien Georges Béjean, en 1988, pour une maison d'édition aujourd'hui disparue "La voix de son livre" (durée : 3h30).

2013/10/05

Céline : L'extraordinaire épopée de Ferdinand Bardamu (audio)




J'ai adoré Céline durant des années. De Semmeilweis à Rigodon j'ai presque tout lu, relu et re-relu, y compris ses trois pamphlets qu'on trouvait déjà sous le manteau, notamment au marché des livres anciens de la rue Brancion, sous les halles désaffectées d'un ancien abattoir. Me souviens aussi avoir plus d'une fois minimisé auprès de mes amis l'antisémitisme du génialissime écrivain : faut pas tout mélanger, tu comprends, y a le Céline des Beaux Draps, pis y a çui du Voyage, ça n'a rien à voir et blablabla... Des contorsions d'acrobate, oui ! J'en sortais d'ailleurs tout contusionné, un peu gêné aux entournures, mal dans ma peau, vraiment, mais c'était plus fort que moi, j'étais accro à ses petits points, sa petite musique, son "rendu" émotif, qu'on disait... et pas moyen de décrocher, voyez-vous, toujours je replongeais ! Suis même allé voir l'Eglise, le premier jus du Voyage, monté par J.-L. Martinelli au théâtre des Amandiers — avec Berling dans le rôle de Bardamu et J.P. Sentier dans celui de Pistil —, un plutôt bon souvenir on en garde, d'autant qu'en excellente compagnie nous étions alors. Et puis c'est comme le reste : un jour la magie disparaît et ce qu'on aimait on ne l'aime plus. Du tout. M'en suis rendu compte en voulant le relire encore une fois. Pour voir. J'ai vu et, crois-moi si tu veux, mais j'étais plus du tout célino-compatible. Finis les grands frissons, les transes épileptiques, les emballements cardiaques et cétéra : j'avais perdu la foi, tout simplement. J'étais non seulement devenu insensible à son style, mais aussi allergique à sa vision du monde, écœuré par sa manière de toujours et encore rabaisser les hommes, sans doute pour mieux leur cracher dessus... bref, j'étais devenu tu sais quoi : un phi-lan-thro-pe.

De cette époque il me reste une quinzaine de bouquins, ainsi qu'une cassette audio que j'ai numérisée à l'attention de mes amis célino-dépendants :
http://www.mediafire.com/?9d7ar0l6kbwheke
On y entend la voix d'André Dunand dans L’extraordinaire épopée de Ferdinand Bardamu, un spectacle d'1h38mn composé d'extraits du Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit et D'un château l'autre, le tout dans une mise en scène de Marie-Françoise et Jean-Claude Broche. C'était en 1991, à Paris, au théâtre du Roseau (devenu aujourd'hui du Renard).
Bon vent...


2013/09/19

Amado - Chaumette : Quinquin (livre audio)

On trouvera ci-dessous le seul enregistrement audio jamais réalisé d'un texte de Jorge Amado, et commercialisé qui plus est sur bandes magnétiques, autant dire d'un temps que les moins de vingt ans... Même France-Culture, pourtant si prolixe en adaptations radiophoniques, s'en désintéresse à un point que c'en est pas croyable. Et pourquoi ? Voilà ce que j'aimerais bien savoir ! D'autant qu'à mon avis la plupart des livres d'Amado se prêtent admirablement bien à une lecture à haute et intelligible voix, comme ici celle de l'acteur FrançoisChaumette.

D'abord un court extrait, pour se rincer la bouche et parce qu'il me fait irrésistiblement penser à certaines de mes connaissances... qui se reconnaitront :



Et puis, pour qui aime la piquette et les sons légèrement saturés, voici la lecture intégrale, écoutable ou téléchargeable ici (2h00 - 110 Mo - 128 kb/s - enceintes et caisson de basse conseillés pour un meilleur confort d'écoute) :

http://www.mediafire.com/listen/5nh8azpnn52fzom/Amado-Les_deux_morts_de_Quinquin_La_Flotte.mp3